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L A   C Ô T E    B A L T I Q U E

- Jours 12 à 19 -

Pour la dernière partie de notre voyage nous avons pris la route en longeant la côte Baltique jusqu’à Stockholm. Nous avons choisi de louer une voiture plutôt que de faire du stop, ou que de prendre le train, car nous voulions avant tout avoir le loisir de s’arrêter ou nous voulions quand nous le voulions. Certes, ce ne fut pas le moyen de transport le plus économique du voyage - surtout que nous nous sommes faites avoir par Hertz qui a rajouté des frais après la fin du voyage... Nous jurons ne plus jamais louer de voiture chez eux ! - mais il fallait choisir, et nous ne souhaitions pas nous cantonner aux « grandes » villes ou aux centres villes, de cette façon nous étions sûres de pouvoir faire du camping sauvage sur la côte au bord de l’eau, entourées des forêts de sapin. Conduire sur les routes suédoises fut très agréable et très dépaysant, les paysages défilaient, la voiture fonçait sur les routes de goudron rouge, nous laissions derrière nous des forêts de sapin, et nos esprits vagabondaient, les yeux plongés dans le ciel d’un bleu intense parsemé de petits nuages blancs, c’était fantastique. Lorsque l’envie nous prenait, nous quittions les routes principales pour nous égarer sur des petites routes de campagne à la recherche d’un coin sympa pour pique-niquer, pour faire une sieste ou pour passer la nuit. C’est d’ailleurs dans ces chemins de boue que nous avons réussi à salir la voiture dès le premier jour.  (Pour l’anecdote, nous l’avons lavée l’avant dernier soir avant notre retour à Stockholm avec nos popotes et de l’eau de mer).

Luleå

Pour quitter nos montagnes d’Abisko nous avons pris le train direction Luleå, la première « grande ville » de la côte. Luleå, Umeå, Sundsvall ou Gävle sont les plus grandes villes de la côte mais on en fait très vite le tour. Là encore, nous ne savions pas où nous allions passer la nuit, nous avons donc fait un saut rapide à l’office de tourisme pour trouver une auberge de jeunesse. La seule condition était que nous devions passer la nuit dans le centre-ville afin de récupérer la voiture le lendemain, nous avons donc tracé à pied dans un quartier pas tellement bien famé à la recherche d'une auberge. Au passage, les suédois sont vraiment gentils car dès qu’ils vous sentent perdus ils n’hésitent pas à venir vous voir pour vous aider, ça parait un peu étrange au départ mais beaucoup de gens le font. C’est pourquoi lorsqu’un gars en voiture a ralenti à notre hauteur pour nous proposer de nous aider ou de nous emmener, nous avons eu un peu peur et nous avons répondu « non non, merci, nous ne sommes pas perdues ». Il ne valait mieux rien risquer mais nous sommes persuadées en y réfléchissant qu’il n’avait que de bonnes intentions. Nous avons fini par arriver à la bonne adresse même si l’endroit ressemblait plus à des bureaux désaffectés qu’à une auberge. Un vieux « concierge » qui puait l’alcool est venu nous ouvrir, nous nous sommes alors demandé où nous mettions les pieds. Finalement une fois dans l’auberge tout s’est bien passé, ne restant que des lits en dortoir nous en avons réservé deux. Nous n’avions pas le choix mais c’était plutôt pas mal, au final il n’y avait avec nous que Daniella, une Autrichienne d’à peu près notre âge qui voyageait seule, elle avait fait le tour des Fjords norvégien en bateau et partait faire un tour en Finlande. Lorsque nous sommes arrivées dans le dortoir pour nous installer, elle essayait d’ouvrir le cadenas de sa valise qui s’était bloqué avec un couteau à beurre, et elle a finalement réussi. Après s’être installées nous sommes parties faire un tour en ville, puis nous nous sommes accordé un des seuls restaurants du voyage qui se situait sur le port. La soirée était agréable, nous nous sommes posées quelques instant sur un ponton, regardant le soleil se coucher derrière les nuages qui se reflétaient dans l’eau calme du port. Fatiguées de cette journée nous sommes retournées à l’auberge nous faire un thé dans la cuisine commune et c’est alors que nous avons croisé Jamie l’Australien. Jamie l’Australien s’était accordé cinq mois pour faire un tour du monde à sa façon. Il parlait anglais avec un fort accent, il fallait donc s’accrocher pour comprendre ce qu’il nous racontait et plusieurs fois nous hochions la tête sans vraiment tout comprendre. Quoiqu’il en soit quelques minutes plus tard nous avons fait la connaissance de son ami suédois (dont nous avons oublié le nom), qui nous a fait l’apologie du Hip hop français avant de nous faire écouter du Sexion d’assaut et du Willy Denzey, puis Jamie a dévié la conversation en évoquant le côté « rustre » des habitants de cette ville. Nous avons dû passer une bonne heure dans la cuisine à parler tout et de rien, des anglais, des français au volant, ou encore du mode de vie Suédois avant qu’ils nous invitent à aller en boite sur un bateau avec eux. Evidemment nous aurions enflammé le dancefloor vêtues de nos polaires Quechua et nos chaussures de rando, mais nous préférions rester finir notre thé et les laisser aller en boite.

Le lendemain nous avons dû aller à pied chez Hertz pour récupérer la voiture et ce tout près. Une fois arrivées, suffocantes et en sueur (oui nous avons couru car c’était bien spécifié que si nous ne nous présentions pas dans l’heure qui suivait celle prévue, la réservation serait annulée… merci Hertz d’être si conciliant) le gars de l’accueil ne trouvait pas notre réservation, même avec la réservation reçue par mail que nous avions imprimé. Après 5min de stress  ils nous ont informer que notre voiture devait bien être récupérée à l’agence de l’aéroport et non pas celle de la ville ou nous nous trouvons. Pourtant, la réservation spécifiait bien Lulea downtown et non airport !  Fort heureusement le gars de l’accueil nous a proposé de nous conduire à l’aéroport. OUF ! « Thanks and drive carefully ! », « oui oui don’t worry ! » ça y est nous avons notre voiture ! Et nous étions toutes excitées de pouvoir enfin prendre la route. Mais avant, un arrêt au centre commercial s’imposait afin que l’on puisse faire le plein de réserves pour cinq jours. Au moment de commencer à rouler, plus motivées que jamais, nous avons voulu tester l’émetteur FM qui nous permettait de brancher notre Ipod et en le retirant pour le remettre dans le bon sens un bout s’est détaché et une étincelle nous a surprises. Oui, cela faisait à peine une heure que nous avions la voiture et nous avons réussi à faire sauter le fusible de l’allume cigare… Nous avons profité d’être dans une zone commerciale pour demander de l’aide dans des magasins d’électronique (style Darty), mais en vain, nous avons même testé un nouvel émetteur FM, rien fonctionnait (c’est une personne dans le camping le soir qui nous a dit qu’un fusible de la voiture avait dû griller). Nous avons donc pris la route, heureuses quoiqu’un peu désespérées par les radios suédoises… et notre premier arrêt pour manger fût Trundön, un coin super sympa, près d’un lac et au soleil. C’était vraiment agréable, nous sommes restées un bon moment à siester au soleil avant de reprendre la route en direction de Byske. Hertz avait eu la bonne idée de nous donner une carte routière, certes peu détaillée mais qui nous a bien servi pour trouver les villes les plus excentrées et les plus proches de la mer afin d’y passer la nuit. C’est comme ça que nous avons atterri à Byske dans un camping en bord de mer. C’était la première fois depuis notre départ que nous pouvions nous poser sur une plage de sable face à la mer et au coucher de soleil. C’était tellement paisible et magnifique, des couleurs surprenantes dans le ciel et aucun bruit à l’horizon, si ce n’est le cri des mouettes. Et nous avons pu faire une vraie nuit en tente sans les sacs que nous avions laissé dans la voiture. C’était royal ! (Parfois nous nous demandons encore comment nous avons pu mettre 2 sacs de 17 kilos, ainsi que nous deux dans une tente 2 places)

Un midi à Trundön

Byske

Le lendemain nous sommes descendues jusqu’à Skelleftea à la recherche d’une agence Hertz pour faire réparer l’allume cigare. Par chance nous n’avons pas eu trop de mal à en trouver une où nous avons patienté ¾ d’heure à l’accueil sans que personne n'arrive (encore un point pour Hertz !), nous sommes donc allées chez Volvo situé à côté, en leur expliquant que nous avions loué une voiture la veille, que l’allume cigare était en panne et que nous en avions besoin. Au départ, le gars de l’accueil n’était pas très aimable, il nous a légèrement envoyé balader prétextant qu’il avait peu de personnel pour la journée, nous avons un peu insisté et ils nous ont pris la voiture pour réparer le fusible sans rien nous facturer ! Merci les gars ! Remotivées nous voilà de nouveau sur la route avec cette fois çi de la bonne musique à bord : Youth Lagoon, Beach house, The XX, Local natives, Vampire weekend… Le prochain arrêt de la journée fut dans le but de pique-niquer, nous avons roulé jusqu'à Munkviken, un joli coin où l’on aurait pu s’arrêter manger n’importe où si ce n’est que la pluie tombait à verse, et il n’y avait aucun abri en vue. Nous sommes donc allées plus loin en espérant que la pluie cesse mais en vain. C’est donc à Lövanger que nous avons préparé à manger sous la pluie en abritant le réchaud sous la table de pique-nique en bois pour finalement manger dans la voiture et réaliser après avoir vidé nos popotes que la pluie avait enfin cessé. Nous ne nous sommes pas éternisées car même s’il ne pleuvait plus, le temps n’était pas fabuleux, nous avons donc tracé jusqu'à Umeå, une des autres grandes villes de la côte. Après un tour rapide en ville où nous avons dégusté une tarte au daim dans un café, nous sommes reparties vers la côte pour trouver un endroit où passer la nuit. C'était très agréable le matin lorsque nous remballons la tente de ne pas savoir  où nous allons la déplier le soir même. Vivre au jour le jour, se laisser porter par le vent, le temps, les intuitions, les envies… Bref nous en profitions car la fin du voyage approchait à grand pas. Une petite presque île sur la carte attira notre attention, il y avait un pictogramme indiquant un camping, nous nous sommes dit que c’était accessible et que nous pourrions y trouver un endroit pour y faire du camping sauvage tout en profitant des douches du camping « for free ».  En arrivant à Holmsund (une ville de la presque île) impossible de trouver le camping ! Même en demandant notre chemin aux passants, nous avons tourné en rond pendant ce qui nous a paru des heures. Désespérées, nous tentions toutes les routes qui pouvait probablement mener à un camping et nous nous sommes retrouvées dans une impasse sur un chemin de terre qui menait au bord de l’eau. Au bout de l’impasse à droite du chemin de terre se dressait une superbe maison avec vue sur la mer et à gauche il devait y avoir 20 mètres d’herbe fraichement tondue, bordée d’un côté par la mer et de l’autre par la forêt. C’était trop beau pour être vrai, cet endroit était idéal pour planter la tente, nous avions notre Eldorado face à nous et commencions à nous dire que ce bout de terre devait appartenir aux propriétaires de la maison d’en face. Ça aurait été trop dommage de faire demi-tour pour nous retrouver on ne sait où sans tenter notre chance, nous voilà donc à la porte de la propriété en train de sonner. Première sonnerie, personne n’est venu nous ouvrir, mais nous entendions des voix par la fenêtre ouverte, nous nous sommes donc permis d’insister et une vielle dame est venue ouvrir. Après nous être présentées nous lui avons demandé si nous pouvions nous installer en face pour la nuit, elle a demandé à son mari qui nous a fait un grand sourire et nous a dit Ok. Heureuses de notre coup, nous voilà installées comme des reines sur notre petite île en bord de mer, bien contente de ne pas avoir trouvé le camping au final. Après avoir mangé nous nous sommes baladées dans la forêt puis nous sommes revenues nous poser devant notre tente au moment où le soleil couchant embrassait les sapins pour leur donner cette magnifique couleur rouge, un phénomène que nous avions pu apercevoir plus tôt lors de notre voyage en allant à Bräcke. Plus on descendait le long de la côte plus la nuit s’installait, nous avons pu observer plusieurs véritables couchés de soleil. Nous n’avons absolument pas regretté d’aller camper chez l'habitant, tous les guides affirmaient que ça se faisait pas mal en Suède mais encore faut-il oser. Et bien nous avons osé et ce n’est pas un mythe, les suédois sont très accueillants et ils vous laissent généreusement camper dans leur jardin pour une nuit. Nous sommes fières d’avoir pris notre courage à deux mains pour sonner à leur porte car nous aurions regretté de ne pas l’avoir fait. Nous leur avons dit un grand merci accompagné d’un au revoir le lendemain matin lorsqu’ils prenaient le petit déjeuner sur leur terrasse au soleil. Nous avons un peu discuté avant de partir et ils nous ont appris qu’ils étaient allés en France dans les Alpes quelques années auparavant. Bref ce fut une rencontre très agréable et nous regrettons de ne pas avoir pris une photo de ce couple en souvenir. Nous nous jurons que lors de notre prochain voyage, nous prendrons en photo les gens que nous rencontrerons.

Holmsund

En continuant notre route, nous sommes arrivées à Sundsvall où nous nous sommes arrêtées pour visiter la ville, et au final, ça ne nous a pas vraiment emballé, les villes de la côte se ressemblent toutes plus ou moins et on en fait très vite le tour. Nous avons alors repris la route à la recherche de notre très chère nature. Après une pause à Galström pour manger un bout, nous avons débarqué à Hornslandet dans un camping entre mer et forêt. Ce soir-là la tente était posée au milieu de la forêt qui dégageait une forte odeur de pin, illuminée par un soleil perçant à travers les sapins. Comme le soleil était au rendez-vous, nous avons tenté un plongeon dans la mer Baltique ! Après cette baignade glaciale nous avons sauté sous une douche de 4 minutes (top chrono, montre en main et rinçage de cheveux encore plein de shampoing au lavabo) et mangé une sorte de couscous cuisiné à la popote un peu raté. Comme à notre habitude nous sommes parties en balade admirer la lumière du soleil dans la forêt et la beauté de la mer au crépuscule. Encore un paysage des plus splendides, des plus reposants, sans aucun bruit aux alentours.

Hornslandet

Pour cette avant dernière journée, nous avons continué vers le sud en nous rapprochant de plus en plus de notre destination finale ce qui ne nous enchantait pas vraiment… Après un détour par Gävle pour faire de l’essence nous avons craqué pour un McDo. Il faut dire qu’il ne nous restait qu’une boite de haricots rouges en conserve et que nous étions stationnées juste en face de l’entrée…. Au passage ils avaient des menus différents de ceux que l’on a en France. Pour ne pas se retrouver à Stockholm avant la fin de journée, nous nous sommes arrêtées assez tôt ce soir-là. Après un premier arrêt à Oregründ, une toute petite ville vraiment mignonne, ou nous n’avons malheureusement pas trouvé de coin pour s’installer en camping sauvage. Enfin si, il y avait un coin parfait, un peu en hauteur, une petite étendue de pelouse surplombait la mer, nous aurions pu explorer l’horizon depuis notre tente, mais un écriteau « camping interdit » nous dissuada et nous sommes parties à la recherche d’un autre endroit. Ce soir là, nous avons pas mal tourné à la recherche d’un endroit adapté au camping sauvage, moins facile que la nuit passée, il faisait gris et ce n'était pas agréable. Nous avons fini par trouver un coin perdu, au bord de l’eau, où nous avons juste posé la tente car pas vraiment moyen de planter les sardines dans le sol mais c’était tranquille, nous n’étions vraiment que toutes les deux (C’est d’ailleurs ici que nous avons lavé la voiture à l'eau de mer). Pour fêter notre dernier soir en camping sauvage, nous nous sommes préparé un petit festin de pommes de terre et de fromage fondu au lait d’élan, un repas version raclette donc, bien lourd mais bien apetissant. Le ciel gris s’est peu à peu dégagé, nous n'avons pas pu voir le soleil, mais tout le paysage est devenu bleu, un bleu extraordinaire, qui a teinté le ciel et la mer jusqu'à 23h passé. C’était un paysage différent de ce que nous avions l’habitude de voir ici mais tout aussi splendide.

Hargshamn

Pour finir ce voyage nous avons pris la route jusqu’à Stockholm, point de départ de cette grande aventure, avec une petite boule au ventre en pensant que le voyage touchait à sa fin… C’était tellement bizarre de remettre les pieds dans la capitale, nous en  connaissions les rues mais c’était comme si nous y étions passé 8 ans auparavant et non 3 semaines. Après une brève traversée sous la pluie, nous nous sommes retrouvées à se faire cuire des pâtes au réchaud à côté d’une vieille station service sous un pauvre abri  à manger dans la voiture à l’abri de la pluie. Puis nous sommes remontées tranquillement vers l’aéroport pour rendre la voiture, y passer la nuit et reprendre notre avion le lendemain… Encore une longue journée de transport en commun qui ne nous enchantait pas tellement. L’arrivée à Paris fut brutale, tous ces gens avec leur caractère insupportable « qui montra en premier dans le train » ou « tu me gènes avec ton sac toi… » Enfin, ce fut une expérience incroyable, que nous sommes prêtes à renouveler dès que l’occasion se présentera.  Et nous vous encourageons à faire de même si en avez la chance. Partir à l’aventure et tout laisser derrière soi le temps de quelques semaines, c’est formidable et ça fait un bien fou ! Il n'y a que ça de vrai !

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