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O S T E R S Ü N D

- Jours 5 à 6 -

Après un bref séjour dans l'archipel, nous avons continué notre voyage en entamant notre grande avancée vers les montagnes et la toundra du Nord. Mais avant de se retrouver dans cette nature grandiose, une petite étape s’imposait : Östersund. Cette petite ville dans les terres, nous a permis de voir à quoi pouvait ressembler la "Suède dans les terres" et pour ne pas avoir à faire 17h de train d'un coup non plus. D'ailleurs, les trains suédois sont vraiment propres (la propreté et le recyclage sont deux choses bien développées en Suède, ils ont des sacs en plastiques faisant office de poubelles à coté de chaque double siège dans les bus comme les trains et des conteneurs pour chaque type de déchets plastique, verre, carton, métaux etc.) On peut dire que là-dessus, ils ont une bonne longueur d’avance sur nous. En plus d’être propres, les trains suédois (dits « SJ » équivalent de notre « SNCF »), sont assez beaux et ont des prises de courant en seconde classe. Et sans ces prises de courant je pense que nous aurions eu un peu de mal à recharger nos batteries de portable et d’appareil photo. Pour finir, les tarifs sont beaucoup plus intéressants. Le train nous a menées de Stockholm à Östersund, en cinq bonnes heures – les deux dernières furent très longues – et lorsque nous sommes descendues du train vers 21h nous étions bien contentes d’avoir appelé le camping le matin même pour réserver une petite cabine avec deux lits et cuisine et salle de bain partagées. Après deux nuits en camping sauvage, il nous fallait de quoi nous laver et de quoi charger nos batteries. Nous sommes donc sorties de la gare, et avons demandé à un chauffeur de taxi où nous pouvions trouver le camping.

D’après lui, il suffisait de prendre le bus qui nous déposerait au camping 3 arrêts plus loin. Après l'avoir remercié nous sommes allées regarder les horaires de bus pour réaliser qu’on venait de rater le bus de 10min et que le prochain était à 22h30 soit 1h20 plus tard…. Un peu découragées, nous avons commencé à envisager d’y aller à pied mais sans trop d’enthousiasme car les sacs étaient bien lourds. Les deux Norvégiens qui nous ont interpellées à cet instant avaient très bien choisi leur moment. Eric et son ami (dont nous avons oublié le nom) cherchaient tout comme nous à rejoindre le camping en vain, ils nous ont donc proposé de partager un taxi. C'est dans ces moments que le sac de baroudeur peut aider car vous êtes repérable et les autres baroudeurs perdus comme vous peuvent potentiellement vous proposer de partager un taxi. Le chauffeur de taxi à qui nous avions demandé notre chemin était toujours là, nous sommes donc montées tous les 4 dans son taxi. En chargeant nos sacs dans le coffre, le chauffeur nous a fait une petite blague sur la tente 2 secondes "C'est une tente? J'ai vu la pub à la TV". Bref, une fois dans le taxi, Eric placé devant, a fait la conversation avec le chauffeur et entre formule de politesse et blabla entre inconnus, il a demandé s'il y avait beaucoup d'ours dans le coin. La réponse ne nous étonna pas mais nous mis un peu la pression, effectivement il en avait, et tout autour de la ville ! Mais cette pression est bien redescendue, et nous avons bien ri dans ce taxi, le chauffeur était assez drôle, et puis à quatre on a payé bien moins cher qu'un ticket de bus. En faisant brièvement connaissance avant de quitter nos deux nouveaux amis Norvégiens nous avons appris qu’ils étaient en train de faire le tour des réserves naturelles du coin – pas mal ! Nous avions tellement besoin d’une vraie douche, d'un vrai lit et d’une vraie cuisine que lorsque nous sommes arrivées dans notre chambre, nous étions plus que satisfaites. Notre séjour ici fut donc ressourçant, nous avons mangé des pâtes vers minuit (on en avait tellement envie), pâtes soit dit en passant qu'on a du faire cuire avec l'eau d'une bouilloire car nous n'avons jamais réussi à allumer les plaques de cuisson... Et pour la première fois nous avons pu observer un avant-gout du soleil de minuit car même si le soleil n’était pas visible, il faisait jour, l’horizon tirait vers le rose, et il était minuit passé. C’était assez perturbant car jamais auparavant nous n’avons pu observer un phénomène aussi surprenant.

Le lendemain nous avions un peu de temps à perdre avant de reprendre le train, nous avons donc décidé de flâner autour d’un des lacs aux alentours - c'est impressionnant lorsqu’on regarde la carte de la Suède de voir toutes ces étendues d’eau qui parsèment le pays, comparer la Suède à un gruyère géant n’est pas une métaphore exagérée. Nous avons ensuite passé un peu de temps à nous promener dans les petites rues de la ville au charme atypique. (Il me semble que c'est dans cette ville que nous sommes allées voir à quoi ressemblai un H&M suédois - seul magasin que l'on ait fait soit dit en passant). Après avoir marché toute la journée une pause au bord de l’eau face au port nous a fait beaucoup de bien. D’autant plus que nous y avons dégusté une spécialité suédoise : la glace au daim. Un vrai régal ! Sur la route du retour au camping en fin d’après-midi nous avons fait une rencontre assez particulière. Une femme nous interpelle en pleine discussion: "C'est rare d'entendre des gens parler français, part ici". Au début nous sommes surprises mais par courtoisie nous avons engagé la discussion : d’où vient-on, où allons-nous, etc… Et c’est alors qu’elle nous dit "Vous croyez en Jésus ?" Euh comment dire… que répondre à ça : ce que l’on pense oui mais non sans savoir ce qu’elle va dire et combien de temps elle va nous retenir. Enfin nous lui répondons gentiment que non nous ne sommes pas croyantes et comme prévu elle a dit : « Il faut croire en Jésus, il vous trouvera un beau mari, il vous trouvera un beau travail, ils l'ont tué mais Jésus a été ressuscité pour être avec nous aujourd'hui" Et bien, pourquoi pas… Nous avons finalement réussi à nous éclipser, car même si elle n'était vraiment pas méchante nous n’étions pas trop emballées par la conversation.

Une fois les sacs récupérés nous avons repris la route pour aller attendre le bus de Bräcke dans un terminal miteux peuplé de gens assez spéciaux ou nous avons passé deux bonnes heures à attendre. Un SDF est venu s’assoir à côté de nous pour parler alors qu’on grignotait quelques Wasas (biscottes suédoises), en soit ce n'était pas vraiment un problème mais nous ne comprenions rien car en plus du fait qu’il articulait aussi bien qu’une personne ivre, il parlait suédois. Enfin rien de mal, il a juste faillit nous vomir dessus et s'est effondré sur nos sacs. Dans ce terminal nous avons aussi fait la rencontre d’un marocain qui avait habité dans la banlieue parisienne pendant 5 ans et qui s’était installé en Suède pour le travail et la qualité de vie. Il faut dire que la qualité de vie dans le centre de la Suède n’a rien à voir avec la vie à Paris, deux jours à peine dans la région nous ont permis de le remarquer. 22h, nous voilà finalement dans le bus pour la gare de Bräcke ou nous allons pouvoir prendre le train de nuit pour le grand Nord. Le soleil ne s'étant à peine levé de la journée nous profitions sans plus du décor qui défilait devant nos yeux avides de paysages toujours plus grand, plus lumineux, plus impressionnants. C’est alors que nous avons pu observer un soleil de minuit sans pareil, ses rayons embrasaient les forêts de sapin, les rendant si rouges que tout le paysage en devenait irréel. Les nuages roses, oranges ou encore violets se reflétaient dans tous les lacs que nous voyions défilés en bord de route. Toutes ces couleurs si vives représentaient un spectacle tellement beau et tellement rare que nous en gardons un souvenir incroyable. La seule frustration : ne avoir pu prendre de photos, du moins pas comme nous aurions voulu les prendre, car le bus n’attendait pas et les paysages défilaient si vite que si les quelque photos que vous verrez ici ne sont pas si mal elles ne sont pas forcement représentatives. En arrivant à la gare de Bräcke vers 23h15, on nous apprenons que le train aura du retard, sans pour autant nous indiquer de combien de minutes il pouvait s’agir. Ne voulant surtout pas le rater nous avons patienté 1h sur le quai en plein jour à combattre les moustiques qui formaient un essaim au-dessus de nos têtes et tentaient toutes les 2 secondes une descente à pic pour nous piquer au visage. C’est alors que l’on se rend à l’évidence, l’anti-moustique, 10 min après application, n’est plus très efficace contre ces monstres, aussi petit qu’ils puissent être. Nous n’étions pas les seules à se faire attaquer, un couple d’Allemand compatissait en se pulvérisant eux aussi de pshit toutes les 5 minutes. A part ça l’attente ne fut pas déplaisante, nous étions face au coucher de soleil et nous étions surexcitées de passer pour la 1ère fois une nuit dans un train couchette. Le bruit lointain d’un train attira notre attention, l’excitation monta pour redescendre aussitôt : c’était un train de marchandises transportant du bois, il était tellement long que nous avons cru qu’il ne finirait jamais. Minuit passé, le train arriva enfin et nous prenoons place dans nos couchettes, ce fut un des moments forts de ce voyage. Nous nous sommes retrouvées dans un couloir au sol tapissé de petites lumières bleues, avec les grandes fenêtres sur les côtés, et des compartiments composés de 6 couchettes (3 superposées de chaque côté du compartiment). On l’a fait, et on ne pouvait pas imaginer mieux ! Sauf peut-être la charmante Dame du dessous qui ronflait si fort que même nos boules quies ne nous empêchaient pas de l’entendre. Si elle se reconnait : nous lui pardonnons. Nous avons trainé un peu avant de nous coucher, pour profiter de l’instant présent et nous avons dormi comme des bébés, bercées par le mouvement et la vitesse du train. Dix bonnes heures plus tard, le réveil était plaisant, nous avions dépassé le cercle polaire dans la nuit et commencions enfin notre aventure dans le Grand Nord.

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