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L A P O N I E   F I N L A N D A I S E

- Jours 6 à 12 -

Nous sommes arrivées avec nos énormes sacs au port de Turku pour sauter dans un bus, ré-atterrir sur la « Market Place » que nous avions quitté 3 jours auparavant et qui n’est autre que le cœur de la ville de Turku, pour grimper dans un autre bus et filer vers la gare prendre le train de nuit pour Rovaniemi. Depuis notre première expérience de train de nuit en Suède, c’est devenu une étape que nous renouvellerons bien volontiers lors de tous nos prochains voyages. En plus d’être économique, c’est un gain de temps et un très bon moment à passer (sauf quand on a facilement le mal des transports…). La première fois nous avions franchi le cercle polaire en plein milieu de la nuit et cette fois-ci nous allions le rejoindre. En montant dans le train, nous avons découvert qu’il était incroyablement moderne. Nous avions notre couchette privée pour deux personnes ! Quand nous avons réalisé que le train était aussi équipé d’une douche par wagon, nous étions ravies de pouvoir prendre une bonne douche relaxante… Mauvaise surprise en arrivant sous la douche, l’eau était froide… et qu’on tourne le robinet vers la gauche ou vers la droite, elle restait froide! C’est assez perturbant de prendre sa douche dans un train en marche, on a l’impression de tituber comme les soirs de fête un peu trop alcoolisés…. Nous nous sommes confortablement installées dans notre petit compartiment pour la nuit mais nous nous sommes vite rendu compte que le train faisait beaucoup plus d’à-coups que notre vieux train suédois qui nous avait fait dormir comme des marmottes ! La nuit fut un peu agitée et nous n’avons pas pu profiter d’un sommeil réparateur mais peu importe, nous avions tout de même un toit pour la nuit.

Rovaniemi

Une fois à Rovaniemi, nous avons entrepris une longue marche, chargées de nos sacs pour trouver l’agence Budget où nous avions réservé une voiture. Nous avons longuement hésité avant de choisir l’option de la voiture car nous avions lu qu’il était dangereux de conduire en Laponie à cause des nombreux accidents causés par la présence des rennes. Nous avions le choix entre voiture ou bus car il n’y a pas de train en Laponie, la gare la plus septentrionale de Finlande se trouve à Rovaniemi. Le problème avec le bus c’est qu’il y en a peu, et les lignes se limitent seulement aux grands axes. Dans le but d’accéder à tous les chalets que nous avions réservé qui se situaient parfois au fin fond de la forêt, nous avons finalement opté pour la voiture. Au final ce choix s’avéra le plus approprié, car même si les conditions météo ont parfois été rudes, nous avions notre liberté, celle de nous arrêter où nous voulions, celle de pouvoir changer notre itinéraire au dernier moment et surtout d’être plus libre de l’organisation de nos journées. Donc oui si un jour vous partez affronter l’hiver finlandais n’hésitez pas ! En cherchant l’agence Budget qui n’était pourtant pas bien loin de la gare, nous nous sommes rendu compte que nous n’allions malheureusement pas dans la bonne direction, ce qui nous a rallongé notre chemin... C’est alors qu’avec toute la bonne volonté de vouloir aider son prochain, la vielle dame qui croisa notre chemin nous a arraché la carte des mains dans le but de nous indiquer notre route, mais elle ne parlait pas un mot d’anglais. C’est finalement un jeune finlandais qui nous a sorti de notre pétrin en nous indiquant la bonne direction. Arrivées chez budget, essoufflées et toujours avec notre allure de randonneuses, les deux hommes de la boutique nous on regardées quelque peu déroutés. En 5 minutes tout était réglé, ils nous ont donné les clés, montré la voiture, puis nous ont saluées d’un« bye bye, drive carefully ». Aucun baratin, ce fut vite expédié ! Direction le supermarché le plus proche où nous sommes allées faire le plein de courses pour attaquer le Nord comme il se doit. En repartant nous avons fait un arrêt au fameux « village du père noël » histoire de jeter un d’œil mais ce village s’avéra n’être guère qu’un piège à touristes… La poste du père noël dans Santa Park, peut tout de même faire rêver les enfants, la reconstitution est vraiment bien faite et on y voit toutes les lettres des enfants venant du monde entier. Mais le reste du village n’est que boutiques touristiques envahies d’un nombre incalculable de bibelots et de souvenirs chers et inintéressants et il faut de même payer pour prendre une photo avec Santa… Nous avons donc très vite repris la route, à la recherche de notre chalet pour notre première nuit en Laponie. Pas tellement de route en prévision pour cette journée et surtout pour la prise en main de la voiture. Plus on avançait vers le nord, plus les routes étaient enneigées, et plus il faisait nuit. Les conditions météo en cette première journée de route n’étaient pas les meilleures qui soient et nous avons eu quelques petites frayeurs au début mais la voiture étant équipée de pneus cloutés, nous n’avons eu aucun problème.

Tiainen

Arrivées à Tiainen, probablement vers 16/17h vu qu’il faisait nuit, nous avons déposé nos sacs dans notre petite cabine avant de nous effondrer sur nos lits et de nous lancer dans une sieste bien méritée. Les sacs posés nonchalamment sur nos lits nous nous sommes endormis à côté en chien de fusil, une météorite aurait pu heurter la terre qu’elle ne nous aurait pas réveillées… Au réveil, c’est la faim qui est venue nous tenir compagnie et qui nous a incitées à sortir le réchaud et à se préparer à manger. Nous avions emmené 2 réchauds : un camping gaz et un primus, car nous avions eu quelques soucis en Suède où l’on ne trouvait dans les grandes villes que des bonbonnes de gaz primus, qui évidemment n’étaient pas compatibles avec le réchaud camping gaz. Nous n’en avions pas une grande utilité dans ce roadtrip hivernal mais si nous ne l’avions pas pris nous en aurions eu besoin… Nous avons mis une bonne heure et demie à monter le réchaud, parce qu’en le fixant sur la bonbonne, du gaz s’en échappait. On a finalement réussit grâce à un coup de fil en France pour avoir de l’aide, mais chut, maintenant on maitrise la bête... ! Entre temps, dans un élan désespéré nous avions commencé à faire cuire du riz au micro-onde dans un bol d’eau, et tenez-vous bien, ça marche à merveille ! Après cet épisode nous avons cuisiné nos œufs brouillés sous le porche, devant une étendue de neige, par -5 degrés et nous nous sommes régalées, bien au chaud dans notre petit chalet.

Ivalo

Le lendemain après avoir trainé un peu dans le chenil de la ferme où nous avions loué ce chalet, nous avons filé vers Ivalo. Nous avions un peu plus de route à faire ce jour-là et nous ne voulions pas trop trainer pour conduire le moins possible de nuit car on commençait à s’enfoncer en plein cœur de la Laponie. Nous croisions de moins en moins de voitures, de stations essences ou encore de maisons… En revanche, les routes étaient d’une beauté incroyable, recouvertes d’une couche de neige d’un blanc pur et bordées de gigantesques sapins enneigés! Lorsque nous arrivions près d’un lac gelé dont l’étendue blanche était surprenante, nous pouvions apercevoir au loin quelques collines recouvertes de sapins à perte de vue. Une vue à couper le souffle. La beauté de la Laponie n’a d’égal que sa grandeur. C’est ce jour-là que nous avons pour la première fois eu la surprise de croiser un renne qui traversait tranquillement la route sans trop se soucier de nous. Il faut être vigilant pour ne pas se « prendre » un renne mais si on fait suffisamment attention on arrive à les voir et à les éviter. Arrivées à Ivalo ce soir-là nous avons guetté les aurores boréales car nous étions rendues suffisamment au nord pour en apercevoir, mais le temps y était trop mauvais, la masse de nuages stagnait au-dessus de nous et la neige continuait de tomber …Nous sommes donc rentrées pour déguster une bière Finlandaise de la marque KARHU qui fut délicieuse.

En ce dimanche matin, nous étions tirées du lit par l’excitation en vue de l’activité de la journée : balade en chien de traineau dans les forêts d’Ivalo. Les sacs une nouvelle fois refaits et chargés dans la voiture nous avons déserté l’endroit pour rejoindre le chenil. Arrivées sur place nous avons rencontré notre guide, les quelques personnes qui allaient nous accompagner et nous avons reçu les instructions. Nous avions 5 chiens à notre traineau, habituellement, pour deux personnes ils comptent 6 chiens, mais d’après le guide, vu notre poids nous n’aurions jamais réussi à freiner avec un attelage de 6 chiens. Bon, l’une comme l’autre, nous appréhendions quelque peu avant le départ, nous étions légèrement effrayées à l’idée de conduire un traineau qui ressemblait plus à 3 morceaux de bois qu’a une carriole solide ou l’on pourrait se sentir protégé. Finalement on se fait vite à la « conduite » du traineau qui s’avère plutôt simple puisque le seul job que nous avions était de mettre les pieds sur le frein pour arrêter le traineau. Il fallait aussi faire en sorte de rester sur le traineau et de ne pas se faire éjecter dans un virage un peu trop serrer, car les chiens ne se retournent pas pour voir si le « musher » (nom communément donné aux conducteurs de traineaux) est toujours là. Le départ fut intense et après quelques minutes de slalom dans la forêt, nous avons emprunté un chemin qui nous a mené sur une rivière gelée que l’on a parcouru sur plusieurs kilomètres. Nous étions mortes de trouille de passer à travers la glace mais contre toute attente nous avions foi en notre guide (rencontré seulement 30 minutes plus tôt) qui nous a gardé saines et sauves tout au long de cette balade.

Après un break auprès du feu dans un tipi prévu pour l’occasion et une bonne tasse de thé avalée, nous sommes reparties en échangeant nos places afin de « conduire » chacune notre tour. C’était une sensation incroyable de se laisser glisser sur la neige, tiré par des chiens animés d’un désir ardent de s’élancer sans se retourner et qui font la moue quand on leur ordonne de s’arrêter. La forêt défilait, le vent nous frappait le visage et nous étions enivrées par la vitesse et la beauté de ces paysages malgré le temps toujours gris et nos pieds qui commençaient à geler. Nous nous en sommes tirées avec seulement quelques courbatures aux bras et de magnifiques souvenirs en tête. Cette expérience restera pour nous deux l’une des plus belles de ce voyage et dès que nous avons quitté le traineau à la fin de la balade nous n’avions déjà plus qu’une envie, celle de repartir !

Sur la route

Déjà nostalgique, nous avons repris la route pour Lemmenjoki situé non loin d’Ivalo où nous avions réservé un chalet pour 2 nuits. En arrivant nous avons réalisé que le chalet était d’une part enclavé dans la toundra finlandaise, au milieu de nulle part mais il était aussi plus grand que l’on pensait et équipé d’un sauna dans le prolongement de la grande salle de bains. C’est de loin le meilleur chalet de tout notre voyage au niveau rapport qualité/prix. Nous nous sommes installées, contente pour une fois de ne pas avoir à refaire les sacs avant de nous coucher pour être prêtes à partir le lendemain matin. Quand il a commencé à faire bien nuit noir, c'est-à-dire vers 16h, nous avons pris un goûter ou plutôt un apéro (puisqu’on a descendu un paquet de chips) puis un peu plus tard nous avons commencé à guetter le ciel dans l’espoir d’y apercevoir des étoiles et donc des aurores boréales. Tous les quarts d’heure nous faisions une rapide expédition sur le pas de la porte et parfois quelques étoiles brillaient à travers les interstices que laissaient les nuages. Malheureusement nous rentrions toujours déçues, mais pas découragées. Après tout c’était seulement notre 3ème nuit en Laponie, nous avions encore toute la semaine pour en voir. Nous nous sommes donc couchées, en se confortant dans l’espoir que nous avions d’en voir les jours suivants, lorsque l’obscurité du chalet totalement plongé dans le noir devint infiniment plus claire, mais assez pour le remarquer. Nous avons sauté du lit aussi vite qu’il le faut pour le dire et sommes sorties en pyjama pour se retrouver ébahies et folles de joies devant une ombre verte en mouvement …. qui se trouvait malheureusement derrière les nuages. Nous avons malgré tout mit quelques minutes à douter du phénomène car l’aurore ne reste pas figée mais effectue un va et vient plutôt irrégulier, il faut donc se concentrer et garder les yeux rivés sur le ciel pour avoir la chance de les apercevoir. Et ce soir-là les nuages ne facilitaient pas la tâche. Nous étions à la fois comblées d’apercevoir ne serait-ce qu’une ombre d’aurore boréale mais aussi énormément frustrées de se dire qu’un magnifique phénomène prenait place devant nous mais qu’une fuc**** masse de nuage nous empêchait d’en profiter. Il fut difficile de s’endormir ce soir-là tellement l’excitation nous avait rendues euphoriques.

Lemmenjoki

Au réveil ce matin-là nous avons constaté que le temps ne s’était malheureusement pas amélioré, mais il en fallait plus pour nous empêcher de faire la randonnée dans le parc national de Lemmenjoki qui était au programme. Sauf qu’après une bonne heure de marche nous nous sommes rendu compte que la poudreuse devenait quasiment impraticable, nous n’avions pas de raquettes et nous nous y enfoncions jusqu’aux genoux. Nous n’avons donc pas eu d’autre choix que de faire demi-tour pour entreprendre une autre randonnée sur le lac gelé de Lemmenjoki, qui fut aussi un échec car les températures anormalement douces pour la saison (entre -5°C et 0°C) faisaient fondre la couche de la glace supérieure, et nous marchions dans une pataugeoire de 10cm d’eau glacée. En revanche le paysage était incroyable malgré le gris du ciel et c’est ici que nous avons réalisé la vrai signification du mot silence, il n’y avait absolument aucun bruit, c’était à la fois reposant et perturbant de ne rien entendre d’autre que la voix de sa conscience. Malheureusement nos chaussures prenaient l’eau et nos pieds commençaient à geler, nous avons donc encore une fois rebroussé chemin pour retourner à la réception de la location du chalet où la réceptionniste nous a proposé d’aller visiter une galerie d’objets sculptés en bois de rennes non loin de là. La galerie s’avéra restreinte, nous avions fait le tour en 5 minutes, mais nous avons pu visiter la ferme de rennes d’à côté où les cervidés viennent y manger et s’y réfugier en hiver alors qu’ils passent le reste de l’année en toute liberté dans la forêt lapone. A la tombée de la nuit (aux alentours de 15h), nous sommes rentrées au chalet, avons mis le sauna en marche puis nous avons profité d’un petit moment de relaxation bien mérité en alternant 15 min de sauna et 1 minute dehors à plusieurs reprises. Ce soir-là le moral n’était pas au beau fixe, nous n’avions toujours pas vu de ciel bleu, de couché de soleil ni d’aurore boréale - malgré une période de forte activité - depuis que nous étions arrivées en Laponie. Pas un seul rayon de soleil ! Et la nuit qui tombe à 15h ne vient pas vraiment relever le niveau. Petit coup de blues ce soir-là mais nous gardions espoir, demain est un autre jour et nous avions de la route à faire, les conditions seront peut-être meilleures là où nous allons…

Sur la route

Après une bonne nuit de sommeil, nous avons entrepris une longue journée de route vers Kilpisjärvi, le point de jonction des 3 frontières scandinaves. Force est de constater qu’il n’y a pas de route directe pour rejoindre Kilpisjärvi, il nous a fallu redescendre sur Muonio pour remonter ensuite vers le Nord. Nous sommes parties de bon matin avant le lever de soleil, et avons roulé en plein cœur de la toundra finlandaise, entre routes et sapins enneigés pour ne croiser que six rennes, deux voitures, et une maison en 2h de route ! La jauge d’essence nous a d’ailleurs fait une frayeur ce jour-là car entre Lemmenijoki et Muonio les routes ne sont qu’une étendue de neige au milieu de la forêt, aucune pompe à essence en vue… Nous sommes heureusement arrivées à temps à Muonio pour faire le plein et avons pu repartir l’esprit tranquille. Nous faisions beaucoup de route chaque jour mais sans jamais s’en plaindre, au contraire, la plupart des routes que nous empruntions étaient classées routes touristiques nationales et nous nous gavions du caractère époustouflant de cette toundra finlandaise où la nature régnait en maitre. Nous ne pouvions rêver mieux en ce dernier jour de l’année 2013 !

Kilpisjärvi

En arrivant sur Kilpisjärvi le soir du 31 donc, le temps se gâta, tempête de neige, brouillard et congères le long des routes, nous étions servies ! La dernière heure de route sous cette tempête et qui plus est dans la nuit noire fut éprouvante. Nous étions contentes d’arriver enfin au complexe Tundrea où nous avions réservé le chalet du nouvel an. En sortant de la voiture, les rafales de vent étaient tellement puissantes que la portière nous a échappé des mains, manquant de s’arracher. Elles faisaient aussi claquer la porte du chalet avec une force incroyable, ce qui ne nous facilitait pas la tache lorsque nous voulions décharger nos affaires. Comme nous y avions pris l’habitude, en entrant dans le chalet nous avons allumé le sauna pour qu’il commence à chauffer puis nous nous sommes installées tranquillement avant de profiter de sa chaleur agréable qui nous a bien détendues. Il faisait nuit depuis quelques heures déjà mais il n’était pas bien tard lorsque nous avons entrepris de nous concocter un petit repas de nouvel an. Le repas était composé de petits toast de saumon fumé en entrée, suivi de pommes de terre recouvertes de fromage à raclette cuites au four, puis d’une part de brie accompagnée d’un St Emilion que nous avions apporté de France (solution la plus économique étant donné le prix du vin sur place…). Et oui, en bons français que nous sommes nous tenions à marquer cette nouvelle année comme il se doit. Nous sommes ensuite sorties emmitouflées de mille couches pour aller voir le feu d’artifice tiré au-dessus du lac. Compte tenu du décalage horaire et de juxtaposition des trois pays scandinaves, nous avons eu droit à deux feux d’artifices à une heure d’intervalle, un à l’heure Finlandaise, l’autre à l’heure Suédoise et Norvégienne.

Pour notre deuxième jour sur Kilpisjärvi, nous avions réservé un « safari » (= randonnée guidée) pour se rendre à l’endroit précis qui marque la frontière des trois pays. Nous pensions que nous allions marcher mais nous avons été surprises lorsque le guide est arrivé avec une carriole accrochée derrière sa motoneige, ce qui fut après réflexion le meilleur moyen de s’y rendre, au vu de la distance qu’il y avait à parcourir mais aussi des températures plutôt basses. Malgré la beauté des paysages et les couches de vêtements que nous avions enfilé, nous avons eu vraiment froid, surtout aux mains et aux pieds, si bien que nous n’avons quasiment pas sorti l’appareil photo ce jour là. En arrivant à la balise jaune représentant le point de rencontre des 3 pays qui se trouve être au milieu d’un lac ( recouvert d’une épaisse couche de glace en cette saison) le guide nous a offert un thé à base de fruit rouge vraiment délicieux que nous nous sommes empressées de boire après avoir fait tout au plus 3 photos pour ensuite se dépêcher de glisser des chaufferettes dans nos moufles pour le trajet du retour. Et heureusement que nous les avions ces chaufferettes car l’afflux sanguin se faisait rare dans nos doigts qui commençaient à ne plus répondre et à vraiment nous faire mal. Sur la route du retour le guide nous a expliqué qu’il fallait être prudent en motoneige sur un lac gelé car il n’y a que 50 cm de glace et la poudreuse qui la recouvre peut dissimuler une crevasse ou faire fissurer la glace sous son poids. Hum… pas tellement rassurant tout ça. Il nous a de même appris que la balise jaune délimitant les trois frontières, qui est en réalité un énorme rocher en équilibre sur un radeau, doit être reconstruite et repeinte tous les ans car chaque hiver le froid fissure la roche qui finit par se briser.

Une fois rentrées au chalet nous avons sauté dans le sauna pour nous réchauffer. Lors de ce voyage nous avons bien profité de cette petite pièce confinée entièrement tapissée de bois où les températures frisent les 70°C et nous avons réalisé à quel point le sauna peut paraitre indispensable au mode de vie finlandais! L’hiver est long pour les quelques individus qui vivent en Laponie toute l’année. Avec seulement quelques heures d‘ensoleillement par jour et un froid parfois très rude, ce petit havre de chaleur est d’autant plus décontractant et relaxant, il devient vite le rituel quotidien de ce mode de vie. Cette dépression due au manque de luminosité et au mauvais temps nous affecta quelque peu ce soir-là nous aussi. Toujours pas d’éclaircies, ni de ciel dégagé, et la météo ne prévoyait pas d’améliorations… Nous approchions désespérément de la fin du voyage que nous avions passé du temps à organiser et pour lequel nous avions dépensé une certaine somme tout de même, et nous n’avions pas vu la moitié de ce pourquoi nous avions choisi cette destination : les couchés de soleil sur les étendues blanches de la toundra, le ciel étoilé, et par-dessus tout, les aurores boréales… il était impossible que nous repartions sans en avoir vu au moins une ! Nous pensions déjà à échanger nos billets d’avion pour rester plus longtemps et multiplier nos chances d’en apercevoir, ou encore de revenir une semaine au mois de Mars prochain où le temps serait plus clément… C’est à ce moment-là, qu’une idée nous est venue en tête, pourquoi ne pas regarder les prévisions météo sur la Suède ou la Norvège? Peut-être que le temps y est meilleur là-bas. Fort heureusement nous avions accès au wifi dans notre chalet (ce qui par ailleurs nous fut d’un grand secours) et effectivement un soleil timide pointait son nez au-dessus de Tromso en Norvège. « Timide » certes mais soleil quand même ! Et nous n’avions rien à perdre ! Nous avons donc changé tous nos plans à la dernière minute. Nous avons étudié la carte routière pour se rendre compte que ce n’était pas si loin que ça, la frontière n’était qu’à 10min en voiture puis Tromsø à quelques heures de routes. Nous n’étions pas obligées d’aller jusqu'à Tromsø mais nous étions bien tentées par une journée découverte des fjords norvégiens sous la neige. Le moral est remonté et plus motivées que jamais nous avons refait tous les sacs pour être prêtes à nous lever tôt le lendemain. Dans Conquérant de l’impossible, Mike Horn a écrit « Je suis abattu mais pas battu. J’ai toujours été persuadé que les choses n’arrivent jamais sans une raison précise, même si on met parfois du temps à découvrir laquelle. Une défaite pour moi, n’est qu’une étape vers la victoire. Je n’ai jamais jeté l’éponge sans une très bonne raison ». C’est exactement ce que nous ressentions ce soir-là, avant d’aller nous coucher, nous n’étions pas battues, au contraire, nous nous sommes retrouvées dans une situation où nous ne savions pas ce qui nous attendait et nous aimions cette sensation par-dessus tout ! Nous revoilà à l’aventure, sans programme, sans obligation, avec seulement en tête l’idée que tout est possible, que le monde est à notre portée, et que rien ne peut nous arrêter. Cette situation rendait cette aventure encore plus intense ! Et rien que pour cette raison nous avions hâte de repartir en été avec notre toile de tente pour seul abri. Un jour, peut-être, aurons-nous le courage de camper en hiver mais pour l’heure nous n’étions pas assez expérimentées et nous tenions encore à nos peaux.

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